Pourquoi soutenons-nous ce que l'on sait ne pas être durable ?
Pourquoi soutenons-nous ce que l’on sait ne pas être durable ? Cette question est au cœur du paradoxe capital-climat : le développement économique est considéré comme essentiel pour répondre aux besoins d’une population mondiale croissante confrontée à des inégalités grandissantes, à la concurrence pour les ressources naturelles et à la dégradation de l’environnement. Pourtant, le développement fondé sur des modes de production et de consommation traditionnels finit par détruire les mêmes capitaux naturels et humains dont il a besoin pour continuer à croître à l’avenir.
Peu de consensus sur le développement économique durable
La Chine est l’exemple classique de ce paradoxe. En effet, l’expérience historique nous montre qu’un gouvernement axé sur le PIB qui tolère une croissance non réglementée du secteur privé entraîne d’importantes externalités négatives. Depuis son ouverture en 1978, la Chine a connu une croissance économique rapide. Celle-ci s’est accompagnée d’un certain nombre de défis notoires, notamment de fortes inégalités, une urbanisation rapide, des pratiques environnementales non durables et des déséquilibres extérieurs. Dans le cadre de son initiative de développement « Made in China 2025 », la Chine défend le rôle du secteur privé. Cependant, les décideurs politiques chinois sont simultanément confrontés à une pression intérieure et internationale croissante. Ils doivent maintenant s’attaquer aux effets négatifs de politiques de croissance non maîtrisées.
Reconsidérer un développement plus inclusif fait partie de notre travail à New Angles. Par exemple, l’outil « Aiming for the Blue Box » établit une correspondance entre l’indice de développement humain et l’empreinte environnementale. Cette image simple aide les entreprises à reconnaître qu’elles peuvent tracer leur voie vers des impacts positifs nets dans leur propre chaîne de valeur (équivalents à leur part de l’image globale) – ce qui leur permet de se concentrer sur l’ensemble du tableau lorsqu’elles fixent des objectifs opérationnels et des indicateurs clés de performance.
Le développement durable : une opportunité pour les entreprises
Le concept de « développement durable » est apparu avec la publication du rapport « Notre avenir à tous » en 1987, qui s’inspirait à son tour du rapport « Limites à la croissance » du Club de Rome de 1972. Ces textes ont établi l’idée fondamentale que « le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ». Ce principe a servi d’étoile polaire pour les objectifs du Millénaire de 1985 et à nouveau pour les objectifs de développement durable (ODD) en 2015. Ces derniers appellent les gouvernements, les entreprises et la société civile à agir à l’échelle mondiale pour mettre fin à la pauvreté et offrir à tous une vie digne et riche en opportunités, dans les limites de la capacité de charge des ressources naturelles de la planète.
Une fois de plus, les entreprises sont invitées à ne pas perpétuer le modèle de croissance illimitée, mais à repenser le développement en termes de durabilité. La Business and Sustainable Development Commission (BSDC) souligne l’opportunité et la nécessité d’aligner l’activité des entreprises sur les objectifs mondiaux. Elle estime que la réalisation des ODD créera des opportunités de marché d’une valeur de 12 000 milliards de dollars. Cela ressemble à la réconciliation idéale entre l’intérêt des entreprises et l’intérêt général, un modèle de développement actualisé qui pourrait enfin résoudre le paradoxe capital-climat… Le prochain défi consiste à créer le changement d’état d’esprit nécessaire pour le mettre en œuvre, secteur par secteur, entreprise par entreprise, un manager à la fois…
A. Knight.
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